ILS EN PARLENT...
Rennes - mardi 28 juin 2011
Après Polaire, Françoise Giraudet s'est penchée sur une autre personnalité de nos jours méconnue, Eugénie Buffet.
"Je travaillais sur le personnage de Polaire, indique Françoise Giraudet, et c'est ainsi que j'ai rencontré Eugénie Buffet, une payse et une chanteuse. J'ai d'ailleurs mis la main sur un album, introuvable aujourd'hui, de leurs chansons." Née en 1866 à Tlemcen, en Algérie, Eugénie Buffet fut une chanteuse de music-hall, surnommée « la Cigale nationale ». Très populaire en son temps, célèbre pour sa Sérénade des pavés, une chanson de Jean Varney, elle figura Laëtitia Bonaparte dans le Napoléon, un film muet, d'Abel Gance et mourut en 1934 à Paris.
Un beau parcours d'artiste
Françoise Giraudet a eu du mal à suivre sa trace. "Elle a été oubliée, sa tombe, à Montrouge, est à l'abandon. Mais j'ai tout de même réussi une belle moisson..." Après une jeunesse difficile, Eugénie Buffet a connu la gloire. "C'est un beau parcours d'artiste, après des débuts difficiles. Elle a fréquenté un temps l'aristocratie, qu'elle juge sévèrement, mais elle est restée une voix du peuple. Très généreuse, elle a été ambulancière pendant la guerre de 1914-1918. Elle a beaucoup reçu et tout donné. À la fin de sa vie, le journal Le Comédien titrait sur une souscription lancée pour lui venir en aide..."
À la grande époque du caf'conc', elle a chanté Aristide Bruand, Jean Richepin et François Coppée, ouvrant la voie à Damia, Édith Piaf et autres chanteurs de la veine réaliste. Elle a écrit Ma vie, mes amours, mes aventures, paru en 1930. Françoise Giraudet la fait revivre avec intensité .
Gérard PERNON.
Du Temps des cerises aux Feuilles mortes.net
Le site de Paul Dubé et Jacques Marchioro, consacré à la chanson française du Second Empire à la Seconde Guerre...
"Sois bonne, ô ma chère inconnue..." Ces mots de Jean Varney, qui commencent le célèbre refrain de La Sérénade du Pavé, résumeraient presque l'incroyable destin d'Eugénie Buffet...
Bonne, elle l'a été : quitter l'étoilât (le star system et le showbiz n'avaient pas encore été inventés) pour la rue et ceux qui n'ont rien... Donner et donner encore... Réconforter les blessés, les veuves et les orphelins de la Grande Guerre. La charité, en somme... mais pas sans réclamer sa Légion d'honneur !
Inconnue, elle le sera, hélas. Pas vraiment de son temps, mais ensuite. Imaginez... Eugénie a trente-deux ans lorsqu'elle enregistre, pour la première fois, sa célèbre sérénade sur cylindre Lioret. Marie Dubas a alors quatre ans, Fréhel en a sept, Damia, neuf et Édith Piaf en attendra dix-sept pour venir au monde. Si tout est dans tout, il serait hasardeux d'obérer l'influence et l'empreinte d'Eugénie Buffet sur la Chanson dite vécue ou réaliste. Et la mémoire collective préfèrera se souvenir d'abord de Fréhel et Piaf… Vas-y, zoome Coco !
Quelle bonne nouvelle, que cette biographie ! Et disons-le, un juste hommage rendu à cette grande Dame de la chanson, matériellement indépendante, libre de son corps et de son esprit, qui demeure unique et reconnaissable d'entre toutes. Sa gouaille, sa faconde et son effronterie parfois, en font une personnalité respectée par les uns et crainte par les autres. La façon dont elle mène sa petite troupe est un excellent révélateur de son caractère. Qu'on se le dise, c'est Eugénie qui porte la culotte !
Quel travail, aussi ! Les documents étant rares, souvent imprécis et mal conservés, Françoise Giraudet, patiente, ne compte plus les allers-retours à Paris, les recherches, les chines et autres achats de documents pour finalement fort bien réussir à nous révéler, entre autres, ce que Madame Buffet n'a pas forcément raconté à Maurice Hammel (1) en 1930.
Faire plus ample connaissance avec celle qui fut précurseur dans un monde d'hommes et féministe dans une acception contemporaine, voici ce que nous propose, avec sérieux, ce livre assorti d'un luxe d'informations connexes à l'époque et aux endroits.
Toutes ressemblances ou similitudes avec notre monde actuel ne sont pas, vous aurez tôt fait de vous en rendre compte, fortuites et pures coïncidences…
(1) Ma Vie, Mes Amours, Mes Aventures, Confidences recueillies par Maurice Hamel, Eugène Figuière éditeur, Paris, 1930. Voir également ici.
Société historique et archéologique du Grand Montrouge
Je ne doutais pas de la qualité de la compilation ni de la richesse de cet ouvrage ; j'ai eu tout loisir d'apprécier un texte concis, circonstancié, très agréable à lire dont je me permets de vous féliciter. Il en va de même pour l'iconographie que, je dois dire, je n'attendais pas si claire et abondante.
Patrick Vauzelle
Ritournelles et Manivelles.org
Nous avons lu avec attention votre ouvrage qui complète bien les mémoires d'Eugénie BUFFET recueillies par Maurice HAMEL en 1930.
Votre ouvrage est particulièrement bien illustré, avec des documents divers et variés qui donnent vie à Eugénie BUFFET, de sa naissance à sa mort. Nous y avons appris et découvert beaucoup de choses, ainsi que sur les personnes qui l'entouraient, comme le Bruyant Alexandre, Rose Bru, Claudius, et les autres artistes de Caf'Conc' de cette période.
Nous avons aussi apprécié les nombreuses mentions des répertoires interprétés à cette époque, avec la reproduction des partitions illustrées en début et fin d'ouvrage, ainsi que les titres classés par dates.
Arnaud Moyencourt
S'il est une artiste de la Belle Epoque qui ne peut laisser chacun indifférent, c'est bien Eugénie Buffet. Militante généreuse, intelligente, elle a connu une grande popularité en interprétant dans les cabarets ou dans les rues, les chansons des grands auteurs qu'elle côtoyait. Au terme d'une recherche de documents poursuivie des années durant, Françoise Giraudet fait revivre cette artiste singulière et attachante. Elle nous fait rencontrer d'étonnantes figures dans le monde des "Pierreuses" et des "Gigolettes" où Eugénie Buffet préfigure les chanteuses réalistes du Music-hall des années trente. Cette biographie particulièrement bien documentée, captivera les amateurs de chansons de cette période riche en talents et personnalités.
Julien Anton